Culture durable
1 janvier 1

Les cultures sous serre et hors-sol ont une longueur d’avance en matière de durabilité

 L’Université de Wageningen aux Pays-Bas (WUR) a mené une étude pour évaluer l’impact écologique et l’efficience des cultures high-tech, comparativement à d’autres modèles de production sous abris.  Cette étude réalisée à la demande de Grodan démontre que les cultures sous serre et hors-sol ont une longueur d’avance en matière de durabilité. Sander van Golberdingue qui a suivi l’étude pour Grodan nous explique…

Quel est l’objet de cette étude ?

SvG : Pour répondre à la croissance démographique et à la raréfaction des ressources naturelles, la production agricole mondiale doit satisfaire deux critères : efficience et durabilité. Nous devons donc produire des aliments sains de manière hyper-efficiente, sans causer de dommages à l’environnement. Par cette étude, nous avons voulu savoir quel est le meilleur moyen pour atteindre ce double objectif. Pour cela nous avons comparé deux systèmes de production : celui des cultures sous serre qui met en œuvre des technologies de pointe et représentatif de la production néerlandaise (high-tech), celui plus couramment utilisé dans le sud de l’Europe et qui consiste à planter en pleine terre sous abris plastique (low-tech). Pour chacun de ces systèmes de production, l’étude a également comparé les variantes bio et conventionnelle, soit quatre modalités d’étude au total.

Que ressort-il de cette étude ?

SvG : Réalisée sous forme d’enquête, cette étude a permis d’analyser 14 indicateurs au total. Les cultures sous serre high-tech sont celles qui obtiennent les meilleurs résultats pour une majorité de ces indicateurs. Les cultures conventionnelles conduites en hors-sol se placent en pole position et devancent même les cultures bio sous serre verre. Globalement, elles obtiennent de meilleurs résultats sur le plan environnemental et en matière de développement durable. Elles ont aussi des marges de progrès importantes, notamment dans le domaine de la protection des culture, ce qui permet de prédire des résultats encore meilleurs dans dix ans.

Certes, les cultures biologiques se démarquent par la non utilisation de produits phytosanitaires chimiques et ses conséquences. Les cultures conventionnelles sous serre sont déjà très performantes dans ce domaine mais ont parfois recours à une protection chimique d’urgence. Or la question des produits phytosanitaires est un argument essentiel pour le consommateur et explique la croissance constante du marché des produits bio.

Mais les cultures bio sous serre sont conduites en pleine terre ce qui signifie que les performances en matière d’économie d’eau et de fertilisants sont très inférieures à celles des cultures hors-sol conventionnelles. Le recyclage de la solution nutritive est impossible en cultures bio. De plus, les cultures hors-sol conventionnelles sont plus productives et donc plus efficientes.

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Selon les résultats de l’étude, les cultures high-tech sont également performantes en matière de biodiversité. Comment est-ce possible ?

SvG : En augmentant la productivité d’une culture, les surfaces de production nécessaires pour nourrir la planète sont moindres. C’est autant de terres qui peuvent retourner à l’état naturel et favoriser ainsi la biodiversité. En tomate par exemple, un m2 ne produit que 6kg par an dans le cas d’une culture traditionnelle alors que la productivité peut atteindre et dépasser les 100kg en culture high-tech.

Avec de tels résultats, les cultures high-tech sont-elles perçues comme une solution d’avenir ?

SvG : Ces systèmes de production sont encore méconnus alors qu’ils vont devenir le standard pour de nombreuses cultures légumières. La Commission Européenne elle-même ignore encore leur intérêt et préconise, dans le cadre de sa nouvelle politique agricole, la généralisation des cultures bio. C’est une des raisons pour laquelle Grodan a commandé cette étude. Les décideurs politiques comme les responsables de la distribution prônent une alimentation plus responsable à partir de productions plus durables. Pour autant, ils méconnaissent les avancées que peuvent apporter les cultures sous serre dans ce domaine. Nous devons faire preuve de pédagogie à leur égard mais aussi auprès des consommateurs.

Dans les rayons, les consommateurs peuvent aujourd’hui choisir entre des tomates bio et des tomates « conventionnelles ». En réalité, ils ne savent pas vraiment ce qu’il y a derrière ces produits. En tant qu’acteur de la filière, notre mission est de les informer mais ce n’est pas chose facile. On peut imaginer un code-barres à scanner qui renvoie le consommateurs vers des informations sur le mode de culture et son impact sur l’environnement. On peut imaginer un label pour identifier les tomates les plus « écoresponsables ». Mais au final c’est le consommateur qui doit décider, en connaissance de cause, de ce qu’il achète. Cette étude est le point de départ pour que tous les acteurs de la filière avancent ensemble. Notre but n’est pas de nous démarquer par un nouveau label. Nous voulons avant toute chose faire preuve de pédagogie pour que les cultures sous serre soient mieux connues et faire savoir aux ONG, aux distributeurs et aux politiques qu’elles sont le meilleur choix pour l’environnement et la santé. L’agriculture high-tech doit être reconsidérée pour trouver sa place aux côtés de l’agriculture biologique, dans les politiques de développement et les plans de financement. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas et nous devons nous efforcer à ce que les informations dont nous disposons soient visibles et transparentes. Le rapport complet de la WUR à propos de cette étude devrait être disponible dès novembre.